Car de quoi vit l’humain ?

Car de quoi vit l’humain ?

2024
Le portrait cinglant de l’être humain que Bertolt Brecht dresse dans son Opéra de quat’sous en 1928 reste tristement actuel : une société de discriminations, de classes hermétiques, de magouilles et d’hypocrisies, où les injustices sont présentes à tous les niveaux.
Ou encore, la montée des extrêmes droites en Europe, des dictatures dans le monde, Gaza.

Mme Peachum aurait donc encore raison aujourd’hui lorsqu’elle affirme :
Car de quoi vit l’humain ? Lui qui sans cesse
Dépouille, harcèle, attaque, étouffe et bouffe son prochain.
Oui, ce qui tient l’humain, c’est qu’il s’empresse
D’oublier qu’il est encore un humain.

Cette 37e édition nous convie à fabriquer un festival foyer de résistance où regarder ensemble, un espace où prendre le temps, de voir, de comparer et de faire comparaître les images devant nos regards critiques.

Performance vendredi 18 octobre en soirée Cicatrices (2024)/ Malubéa (Belgique)

Face aux flux d’images qui fabriquent de l’ignorance et de l’oubli, qui nourrissent nos peurs, les œuvres présentées vont nous accompagner, parfois avec légèreté, souvent avec poésie, toujours avec la distance nécessaire pour nous permettre d’activer une réflexion, une pensée contre la tétanie et le lamento. 

Certaines œuvres prendront des chemins de traverse pour combattre la censure et exister. Malgré tout.

D’autres seront délogées des lieux conventionnels pour être installées dans des espaces de la vie politique et sociale, à l’école primaire, à l’université, dans des structures santé/sociale ou dans un restaurant. 

Le festival prendra aussi position comme Musée de solidarité et abritera la 8e biennale palestinienne /si:n/contrainte à l’exil. Dans un geste poélitique, les artistes lui ont offert leurs oeuvres.

Enfin, nous interrogerons les nouveaux espaces de rencontre et de dialogue, entre création et droits humains, qu’explorent de jeunes artistes et créateur.ice.s de contenus du pourtour de la Méditerranée venu.e.s nous rejoindre.

Chemin faisant, avec le poète électronique Michel Jaffrennou, nous remonterons aux sources de l’art vidéo, un art qui a su mettre en avant, entre autres, l’espièglerie, la simplicité, l’internationalisme, l’inter-média, l’éphémère (performance) et l’unité de l’art et de la vie quotidienne. 

Jouer avec la vidéo / Michel Jaffrennou

L’art vidéo est un art hybride, c’est peut-être ce que l’humain a de commun avec lui. L’humain en ce qu’il célèbre la créolisation (Édouard Glissant) « *ce processus de mise en contact des différences, lesquelles ne cessent d’échanger et de se métamorphoser ». N’est-ce pas de cela que VIT l’humain ? Des individus en pleine conscience de leur dépendance et interdépendance mutuelle, qui oeuvrent à une « *une transformation archipélique des humanités »

(*extrait de « Le paradigme de l’archipel », in Archipels Glissant, sous la direction de François Noudelmann, Françoise Simasotchi-Bronès, Yann Toma)