AAJT, 3 rue Palestro 3e
du 7 au 30 Novembre – Ouverture 14h/19h, Lundi au Vendredi.
Vernissage Mercredi 7 (17h30 à 19h)
« Pour une poétique du divers »
Une programmation qui nous invite à penser les territoires et frontières mentales qui défient depuis toujours les humains. A commencer par nous méfier de l’intolérance et des dangers de toute pensée unificatrice et totalitaire qui nie que l’histoire de l’humanité n’est qu’un long et lent processus d’emmêlements et d’entrecroisements de racines généalogiques, géographiques, culturelles et linguistiques.
No human is legal (1’25 – 2017) / Hamza KIRBAS (Turquie)
Dans son ouvrage Simulacres et simulation, le philosophe et sociologue Jean Baudrillard reprend une fable de Borges, où des cartographes de l’Empire ont dressé une carte si détaillée du territoire qu’elle a fini par le recouvrir entièrement. A ce propos, Baudrillard dit : « Le territoire ne précède plus la carte ni le lui survit. C’est désormais la carte qui précède le territoire ». Selon lui, l’acte de simuler finit donc par avoir un impact direct sur notre réalité : « La simulation remet en cause la différence du vrai et du faux, du réel et de l’imaginaire ». Ceci, transposé à la situation des migrants en 2018, soulève des enjeux et des rapports intéressants :« Le simulacre n’est jamais ce qui cache la vérité- c’est la vérité qui cache qu’il n’y en a pas. Le simulacre est vrai ».
L’artiste, dans ce diptyque vidéo, s’attelle à mettre en regard l’insensibilité de notre société face au sort des migrants et des réfugiés. Nous vivons dans un monde où l’abstraction prend le dessus sur la réalité : la terre est là, mais sur le papier l’espace n’est pas assez grand pour les autres, les frontières fictives et figurées prennent le pas sur notre réalité. Cette limite, l’artiste la transcrit à l’aide de ses deux écrans : le premier cadre est celui des personnes légales, et le deuxième celui des personnes illégales, et il n’y a pas de rencontre possible entre les deux.
SARA, 54a rue de Crimée 3e
du 8 au 30 Novembre
Ouverture 14h/19h, Lundi, Jeudi et Vendredi.
Vernissage Jeudi 8 (16h à 17h)
« L’art vidéo et la poésie font bon ménage »
Une société qui valorise plus l’avoir que l’être attribue à certains de ses membres une identité négative, ce sont des « sans » abris, papiers, emplois… La poésie est un contre-poison quand elle se donne pour mission que d’injecter dans le corps social les mots et les musiques de la dignité humaine. Elle oppose à la langue de bois de la bureaucratie, la parole des brindilles des êtres sensibles. Les deux œuvres présentées ici sont des hymnes à la sensibilité.
Sans toi(t) (10’11 – 2016) / Franck ODDOZ-MAZET (France)
Portraits de sans-abris tirés de l’ouvrage « L’être ange monde » de Tolten.
I choose not to (2’ – 2017) / Jola Kudela aka YOLA (Pologne – GB)
Ce film de 2min parle de notre rapport au mouvement de l’histoire en cours, aux bouleversements politiques, aux crises contemporaines, et de notre difficulté en qualité d’humain à affronter la dureté de ces réalités. Il évoque la limite de nos choix ou non-choix individuels. Les questions : Où porter le regard ? / comment réagir ? Aucune réponse n’est simple, toutes les postures sont possibles.

ADPEI, 18 boulevard Flammarion 1er
du 8 au 30 Novembre – Ouverture 14h/17h, Lundi, Mercredi et Vendredi.
Vernissage Jeudi 8 (17h30)
« Le métier de vivre »
Il y a 50 ans (1968), près de 10 millions de personnes se sont mises en grève sur l’ensemble du territoire français. Ces femmes et ces hommes ne souhaitaient pas seulement de meilleurs salaires ou de nouveaux droits syndicaux. Ils voulaient vivre autrement. Ils ne voulaient plus que le travail abîme les corps et vole leur temps. Ils voulaient être traité dignement.
Nous proposons, après avoir regardé quelques vidéo d’artistes, d’imaginer ensemble ce que pourrait être un travail épanouissant, respectueux des capacités et des désirs de chacun… Bref, d’imaginer un futur, sachant que les utopies d’hier finissent toujours par être les réalités de demain. Ainsi, nous pourrions tous avoir un seul travail que nous appellerions le « métier de vivre ».
La limite élastique (14’ – 2017) / Pasty (France)
Dans cette œuvre, l’artiste s’inspire de son père ouvrier, qui lui sert alors d’interprète et de modèle de la figure ouvrière dans une période de l’entre-deux industriel, entre la banalisation de la robotisation et le maintien du travail à la chaîne. Quelle sera la place des corps humains dans l’industrie de demain ? Le corps soumis à un travail répétitif peut lui aussi, tout comme un matériau, atteindre sa limite, casser et ne pas retrouver sa forme initiale.
Ce projet est une mise en relation des notions d’optimisation, de rendement, de fatigue et de devenir du corps, gardant une position hybride entre la fascination de la technique et la sensibilité pour la cause ouvrière. Des dialogues partagés se confrontent : celui d’un directeur technique, d’un commercial d’une entreprise de robotique, et d’un concepteur d’exosquelettes de robots. S’ajoute à cela des images prises dans une école d’orthopédie. L’artiste ayant lui-même porté un corset pendant des années, comprend alors la contrainte physique que peuvent ressentir les ouvriers équipés d’exosquelettes : à la fois une certaine résignation, mais aussi un sentiment de vulnérabilité du corps face à la cadence des gestes répétitifs.
Night Clerk (1’35 – 2017) / Damon Mohl (USA)
Une chanson pour un concierge de nuit.
L´Usine (3’44 – 2017) / Isabel Pérez del Pulgar (Espagne – France)
La variation des horaires et des quarts de travail en semaines alternées entraîne une modification de la perception du temps, des horaires de repas et du sommeil. L’éclairage électrique permanent dans les espaces de travail est également une source de confusion en ce qui concerne les horaires et la lumière du soleil. Le bruit constant tout au long de la journée, le manque de communication, les mouvements répétitifs, le rythme des tapis roulants, le petit espace de mobilité, les postures forcées, les exigences de vitesse dans l’exécution de la tâche, les blessures aux mains suite à la pression et à la manipulation des couteaux…. tout cela provoque un état de stress et d’anxiété forte.
Réussir à enchaîner les jours, dans une sorte de ligne continue divisée par des fins de semaine invisibles, n’est possible que par le biais d’une sorte de détachement du « Moi » au sein d’un abîme intemporel, dans lequel se crée une danse, une chorégraphie de femmes automates. La vie devient une boucle aliénante.
Le rythme et l’exécution du film ont été conçus comme la projection d’un film, avec l’idée de créer la perception d’une boucle sans fin. Les changements lumineux et chromatiques différencient l’espace extérieur et l’espace intérieur de l’usine, ainsi que l’usage d’extraits tirés du cinéma muet. Pour la réalisation du projet, l’artiste a utilisé des images et des sons provenant du domaine public.
Le temps est hors de ses gonds (7’09 – 2018)/ Bernard Obadia (France)
Des corps, des gens, des « anonymes » comme on dit, et puis le monde aujourd’hui.
LE MONDE AUJOURD’HUI. Images accompagnées d’un poème de Jean-Pierre Ostende.
Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin 3e
du 9 Novembre au 2 Décembre.
Vernissage Vendredi 9 (18h) et Performance (20h)
« HUMAINS DE TOUS LES PAYS, CARESSEZ-VOUS !
Sous les pavés (des œuvres vidéo) la rage d’aimer la vie ! »
Et si nous perdions l’habitude de penser une exposition artistique comme un passe-temps culturel ou un espace où prenant pour prétexte de s’intéresser à l’art, on y vient surtout pour se faire voir et faire son marché de relations intéressées. Imaginons qu’un nouveau Mai 68 soit passé par là et qu’une tornade poétique nous ait métamorphosés. Nous ne sommes plus des consommateurs. Et là, quelle surprise : les installations vidéo deviennent des barricades érigées contre les assauts de la bêtise humaine, sectaire, identitaire. Soudain, nous devenons des errants prenant le risque d’être bousculés, émus, questionnés.
Cette exposition est agencée sur deux espaces. Celui du bas (Salle des Machines) rassemble des œuvres où le corps est absent. Signe des temps. L’ère de la dématérialisation. Celui d’en haut (R3), observe les corps dans tous leurs états.
Salle des Machines – Ouverture 11h/18h Lundi, 11h/19h Mardi au Samedi, 12h30/19h Dimanche
« Le corps à perte de vue »
L’absence de toute présence humaine dans un espace signifie-t-elle qu’il est vide, désertique ? Cela sous-entendrait que l’humain vit dans un décor, un environnement dont il serait distinct. Or, depuis que nous avons pris conscience que l’Homme n’est pas plus au centre de la planète que la Terre dans l’Univers, qu’il fait corps avec l’éco-système au même titre que la flore, la faune, l’air, l’eau et la terre, il n’est plus possible de considérer son absence comme un manque. Il est là sous son aspect invisible. Il existe à perte de vue.
PSL l’île bricolée (28’ loop – 2018) / François Lejault (France)
Rencontre avec un pays aux rivages si mobiles que son histoire s’invente et se raconte au fil des marches; un forage de couches sédimentaires d’identités reconstruites, qui suivent les dépôts successifs des Rhônes.
Une exploration des affleurements, des paysages mobiles, des singularités, battus par les vents d’hiver, illuminés par les mirages d’été.
PSL l’île bricolée est une enquête poétique sur les formes d’adaptation des hommes à des environnements mobiles, imprévisibles, et parfois hostiles. Une approche de l’histoire à travers les paysages et les corps que les profondes mutations économiques, écologiques ont transformé.

Untitled Painting #12 (from the serie « Paintings of Ecolonia ») (3’08 – 2018) / Carolina Jonsson (Suède)
Dans son œuvre, l’artiste explore les lien entre l’homme et les autres, les humains et la nature, le naturel et l’artificiel. Ici, une expérience physique et mentale est proposée au spectateur à travers la représentation d’une forme humaine intégrée à un paysage en chantier à la fois beau et inquiétant, familier et étranger, déconcertant. Sommes-nous en face à face avec un paysage détérioré par les hommes, ou plutôt dans une vision futuriste de notre monde en plein changement ?
Ce projet s’inscrit dans la volonté de l’artiste de développer un nouveau langage, un autre moyen de décrire la réalité à laquelle nous appartenons, afin de pouvoir mettre en lumière quelque chose de l’ordre du dissimulé, et de l’inavoué. « Ecolonia est mon langage, ma façon de décrire la réalité à laquelle nous appartenons. L’objectif est de détecter ce qui est caché, de m’ouvrir à l’inconnu. Ecolonia pose des questions existentielles profondes. L’œuvre résulte d’une expérience de la beauté, de l’intensité et du mystère, à la frontière de la réalité et de la fiction. »
Traversée (4’25 boucle – 2017) / Jeannie Brie (France)
Un terrain calme de campagne, une carte postale vidéo. Lentement un mur se construit et obstrue le paysage. Ne restent que les souvenirs de l’autre coté. Les nuages continuent leur chemin.
Transitions (12’48 – 2017) / Aurèle Ferrier (Suisse)
Un voyage qui conduit d’une vacuité civilisée du désert à une densité urbaine, capitaliste et hédoniste, qui prend une expression étrange dans le cas de Las Vegas. Ce film est une réflexion du vide, centré sur l’artifice, l’espace construit et conçu par l’homme.
Tour 3e étage – Ouverture 14h/19h Mercredi au Vendredi, 13h/19h Samedi et Dimanche
« Il n’y a de péril absolu que pour qui s’abandonne »
Dans quel état sont les corps des êtres humains en ces temps où une partie de l’humanité tolère que ses semblables venus d’ailleurs soient rejetés, parqués, abandonnés aux flots, indésirés… ?
« Où que tu regardes dans les rues / ou les avenues de l’Occident, / ils cheminent : cette processions sacrée / nous regarde et nous traverse. / Maintenant silence. / Que tout s’arrête. / Ils passent. » Niki Giannari, Maria Kourkouta (Des spectres hantent l’Europe).
Nous ne pouvons plus regarder les corps qui gravitent autour de nous comme si de rien était. Cette exposition est une invitation à trouver une posture, à nous déplacer pour trouver un point de vue qui ne nous aveugle pas. Et prendre position.
Interceptor (4’32 – 2018) / Risto-Pekka Blom (Finlande)
En 1989, un anonyme seul interceptait une file de voitures blindées appartenant à des troupes de soldats, au Tiananmen Square à Beijiing en Chine. La veille, une manifestation issue du mouvement étudiant avait été violemment réprimée par l’armée. Dans les démocraties, l’usage de la force et de la brutalité a été progressivement remplacée par une violence de type institutionnelle ; où le pouvoir est entre les mains d’une élite économique poursuivant uniquement ses propres intérêts. La raison d’être et le but du système politique gouvernemental est donc de maintenir au pouvoir ces mêmes puissantes organisations. Avec Intercerptor, l’artiste transpose de manière poétique et universelle cet événement symbolique.

Ode to decrepitude (3’53 – 2017) / Clemence BTD Barret (France / Maroc)
Comme écrivait Simone de Beauvoir « Vivre c’est vieillir. Rien de plus ». Cependant, la tyrannie du jeunisme et sa religion « le culte de l’apparence » règne dans les sociétés dites développées. La vieillesse y est devenue un ennemi dangereux. Un grand merci à Johnny Doyle et Ina Solum, et à Hope et Matthew.
00:02:00:00 (18’20 – 2018) / Hugo Montero (France)
Que représente deux minutes durant un jour de travail ? C’est la question que l’artiste a posé à huit gardiens et gardiennes du Musée d’Art Contemporain de Ljubljana (+MSUM). Lorsque le travail est « simplement d’être présent dans le musée », comment le temps se tisse avec l’espace, les murs blancs, la lumière feutrée ou les néons, les introspections, le public, les légers mouvements et les présences ?
Ex Nihilo (10’48- 2017) / Timo Wright (Finlande)
Ex Nihilo est un court-métrage documentaire et expérimental sur la vie, la mort, et le désir éternel des humains de pouvoir contrôler les deux. L’œuvre raconte trois histoires dissociées en parallèle : l’histoire d’un robot humanoïde, à qui l’on peut implanter le cerveau cryogénisé d’une personne décédée, et que des scientifiques parviennent à faire marcher et conduire un véhicule ; l’histoire d’une Organisation de Cryogénisation dans l’Oregon où tous les cerveaux des humains sont cryogénisés après leur mort dans l’espoir que dans le futur, ils aient gardé leur mémoire et puissent être réutilisés, et enfin, celle de la Réserve Mondiale de Semences de Svalbard en Islande, où les graines de milliers d’espèces végétales sont conservées à de très basse températures . Ces trois histoires représentées dans trois écrans différents, s’entrelacent progressivement, créant alors de nouveaux sens et de nouvelles interprétations possibles.
Wear you all Night (4’37 – 2017) / Sarah Choo Jing (Singapour)
Wear you all Night est un diptyque vidéo, qui dépeint la coexistence dans un même espace de deux personnes différentes, séparées par le cadre de l’image. La scène tournée, dans une chambre d’hôtel, relate un moment du quotidien d’une durée de 4 minutes, où les personnages entre autres se préparent dans la salle de bain. Le potentiel narratif est ici suggéré par les actions simultanées des personnages masculin et féminin, ainsi que par le choix de la composition des plans. Cette double installation vidéo reflète la subjectivité de la caméra dans cette mise en parallèle narrative. La scène présentée est à la fois réarrangée et hyper réaliste, évocatrice d’un certain rapport entre le temps et l’espace ; en effet ces deux personnes ont beau évoluer dans le même lieu, ils ne se croisent pas, et ne se retrouvent jamais réunis dans le même cadre. Ceci met en avant leur double solitude.
Consecutive Breath (12’-2016) / Sarah Choo Jing (Singapour)
Montage de séquences documentaires tournées dans toutes les stations de métro de Hong Kong.
Art of the Rehearsal (2017) Sarah Choo Jing (Singapour)
Là où le théâtre s’arrête commence Art of the Rehearsal ;en français « l’Art de la répétition ». Cette installation immersive géante n’est pas une prestation conventionnelle ; ici l’acte de répéter est plutôt apparenté à une expérience éphémère, capable de transformer n’importe quel espace social en un lieu de théâtre et vice-versa. Au cours de l’exercice de répétition, le théâtre n’est plus en corrélation avec le domaine du voir ou de l’être vu, ni une simple performance spatiale qui exclut la réalité. Il devient plutôt pour le spectateur un espace soumis à une constante immersion, entremêlant construction et déconstruction. Répéter se trouve alors à mi-chemin entre les espaces scéniques et hors-scène, entre le théâtre et la vraie vie. Cette installation vidéo quasi-panoramique nous donne à voir différents danseurs traditionnels aux origines variées s’entraînant dans différentes ruelles des quartiers communautaires de la ville. L’artiste tente de mettre en lumière la détermination sans faille des performers au cours de leurs entraînements répétés et récurrents.

Why do you ask ? (2’ loop – 2017) / Héla Ammar (Tunisie)
Why do you ask ? revient sur la quête d’un futur viable en mettant en scène la réalité et l’utopie, le présent et sa trace. La vidéo présente une série de phrases qui se succèdent au rythme du roulement des vagues.
Envisagés comme des fragments de réponses à une question jamais posée, ces mots tissent entre eux la réalité et les illusions de milliers migrants prêts à sacrifier leur vie pour un ailleurs interdit. Ici leurs mots se substituent à l’image/sujet pour révéler l’étendue du trauma et du politique. (version anglais et arabe, avec traduction en français).
Collective action (7’52 – 2013) / Raoof Dashti (Iran)
On a tous en mémoire des images de victimes et de martyrs étendus sur le sol, les yeux clos, aux corps figés et immobiles. Mais parfois, des gens meurent en étant encore conscients, les yeux grands ouverts. Et bien que le sol soit maculé du rouge de leur sang, personne ne les appelle « martyrs » : parce qu’ils clignent encore des yeux.
Black Sun (32’18 – 2015) / Toni Mestrovic (Croatie)
Black Sun est le nom du cochonnet (du jeu de boules traditionnel boccia de la côte adriatique croate) autour duquel circulent les autres boules. Ce jeu traditionnel méditerranéen, joué par toutes les générations, et notamment par les personnes âgées, fut filmé sur une île, dans un petit village. Il montre des joueurs de tous âges, qui racontent des récits, des identités et des rôles spécifiques à la vie de l’île. Sur ce terrain poussiéreux, les boules font penser à une constellation dynamique de planètes de notre système solaire. Leurs interactions et leurs similitudes (se traversant, se percutant, se touchant ou se ratant) observées en gros plan, sont une évocation de la dynamique spatiale et de la composition sonore.
White saucer: surveillant eye (8’56 – 2018) / Cheryl Pagurek (Canada)
Dans White saucer: surveillant eye, une soucoupe d’époque fait office de lentille par laquelle on peut visionner des extraits projetés de désastres naturels, d’événements mondiaux et des enregistrements par drone des activités journalières d’une femme. La caméra qui suit ses déplacements est positionnée de façon à maintenir, par son angle de prise de vue, l’exactitude des raccords avec les extraits issus des nouvelles et de sources policières et militaires. Le privé et le public s’entrechoquent dans ce regard porté par la perspective aérienne, omniscience coïncidant avec celle des réseaux électroniques de surveillance et de collection de données qui surveillent et capturent nos communications, nos transactions et nos emplacements journaliers.

Host Sapiens (15’21 – 2018) / Mox Mäkelä (Finlande)
L’extinction de masse est là. Nos assiettes seront bientôt plus grosses que notre planète. Nous allons devoir assumer les conséquences de nos choix et de nos actes.
Partenza (9’22 – 2016) / Renata Poljak (Croatie)
Partenza est l’expression de l’insécurité globale inhérente à notre société contemporaine, et évoque la fragilité de l’existence humaine. Métaphoriquement, cette œuvre fait allusion aux départs, à l’attente et à la séparation, engendrés par les différentes migrations. Au début du 20ème siècle, il était habituel, bien que traumatisant, pour les hommes de quitter leurs îles Croates natales, à cause des famines et de la pauvreté. L’une de ces tragédies provient de l’histoire familiale de l’auteure. Pour ce film, l’artiste s’est inspirée de la vie de son arrière-grand-mère, qui vivait sur l’île de Brač, dont le mari était alors parti au Chili chercher du travail pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Comme bien d’autres femmes de l’île, son arrière-grand-mère attendit le retour de son mari toute sa vie, bien que, comme beaucoup d’autres hommes, il ne rentra jamais. Le mot « partenza » (départ en italien), est utilisé dans beaucoup de dialectes des îles croates, et il fait référence également aux dernières tragédies des migrants sur la côte italienne. L’artiste met en relation ces événements pour nous rappeler qu’il n’y a pas si longtemps nous étions tous loger à la même enseigne.
Sensory Gating Undone (15’ – 2018) / Majd Alloush (Syrie – Emirats Arabes Unis)
Si une mouche se cognait en plein vol contre la vitre, vous l’entendriez, mais vous ne vous souviendriez probablement pas de cet événement singulier. « L’effet Cocktail Party » désigne un phénomène de Psychoacoustique qui repose sur notre capacité à diriger notre attention auditive sur quelque chose en particulier, comme par exemple être capable de suivre une conversation malgré un environnement sonore bruyant, tout en restant attentif aux autres signaux sonores. Ce phénomène joue donc un rôle essentiel dans nos vies, mais que se passerait-il si l’intelligence humaine n’avait développé une telle capacité ? Notre cerveau nous empêche d’atteindre un point de non-retour vers la Folie. Et si nous avions le contrôle sur ce que notre mémoire sensorielle efface ou enregistre, serions nous justes, impartiaux dans nos jugements ? Sommes-nous des êtres rationnels ou le produit d’une routine ?
Avec cette œuvre, Sensory Gating undone, (sensations inachevées), l’artiste déconstruit le naturel, et incarne le cerveau humain à travers une vidéo-performance impressionnante : un performer emmitouflé dans un sac plastique géant s’acharne à lire et à respirer, ballotté par les flots.
Cut my Tongue and Lips (12’ – 2018) / Farhana Islam Tani (Bangladesh)
L’artiste dans son installation vidéo parle du silence imposé aux femmes, de la dépossession de leurs propres corps, et des traumatismes engendrés. Sous l’influence écrasante des stigmatisations sociales et religieuses, elle a pu elle-même souvent ressentir une certaine dissociation entre son corps et son esprit. A travers son travail artistique, elle questionne ce que c’est d’avoir une identité fragmentée en tant que femme, et d’être en prise avec des voix et des pensées aux raisonnements incohérents. Son installation est présentée comme un espace contrôlé où elle peut manipuler la lumière et le son. Elle utilise des matériaux et des gestes qui font allusion à la culture sociale et religieuse du Bangladesh. La projection sur des morceaux de miroirs brisés permet alors la défragmentation de sa vidéo originale, indice révélateur d’une identité schizophrénique. De plus, en tressant et dé-tressant ses cheveux, l’artiste raconte métaphoriquement le contrôle, ou tout au moins les restrictions, de la liberté des femmes au Bangladesh.
Women must be beautiful, Women must be hidden (13’12 – 2017) / Vatankhah Parya (Iran – France)
Dans ce travail l’artiste questionne la situation des femmes et de leurs libertés dans la société contemporaine iranienne. Au cours de cette performance, dans un acte de répétition, elle met et remet le voile. Ce geste répétitif est un mélange de souvenirs et de souffrances qui l’ont accompagnée toute sa vie depuis l’âge de 7 ans. Au cours de sa performance, elle commence avec des mouvements calmes et résignés, puis, en parallèle avec des sons de manifestations politiques féministes, et d’arrestations de femmes iraniennes qui refusaient de porter le voile, ses mouvements se font alors de plus en plus saccadés, torturés, étouffants.
[‘penthaus] (3’54 – 2017) / Yefeng Wang (Chine – USA)
Dans un ancien manuscrit chinois intitulé le « Nouveau récit des contes du monde », un passage parle d’un poète ivre du nom de Liu Ling, qui raconte des bobards, complètement bourré et à poil dans sa maison : « L’univers est ma demeure, et ma demeure est mon caleçon ! ». D’après l’artiste ; cette histoire absurde et le délire du poète illustrent bien à eux-seuls notre relation au Monde. Dans son œuvre [’penthaus], l’artiste recrée une sorte de maison virtuelle métaphorique faisant allusion à ce conte, avec des représentations en 3D d’une paire de jean et d’objets du quotidien. Il crée un cochon sans pattes-arrières, et pose allégoriquement cette question : quel lien obscur existe-t-il dans cette fable entre la maison, l’univers, et un pantalon ? Est ce que le poète, à l’image de ce cochon sans-pattes, n’a en réalité pas d’autres choix que de vivre dans un univers qu’il ne pourra jamais porter, qui ne lui siéra jamais ?
Post Apocalypse Dream (8’23 – 2017) / QIn Tan (Chine)
Post Apocalypse Dream rassemble dans une sorte de collage numérique en mouvement des séquences enregistrées, des images virtuelles, des sons, dans le but de représenter un univers post-apocalyptique, où les humains n’existent plus, mais dont les traces qu’ils ont laissées subsistent. Cet univers fantasque, entremêlé de sanctuaires religieux, de paysages de nature, d’œuvres d’art du passé, d’objets et d’outils créés par les humains, forme alors un nouveau paysage digital : absurde, fictionnel, et inhabité. Cette narration visuelle s’inspire des peintures traditionnelles chinoises à l’encre et des rouleaux manuscrits anciens, révélant des détails du paysage au moyen d’un plan panoramique de gauche à droite de huit minutes.
Art-cade*, La Vitrine, 35 bis rue de la Bibliothèque 1er
du 9 Novembre au 2 Décembre – Ouverture 18h/00h tous les jours
La Laitière (Milkmaid) (3’ en boucle – 2010/11) / Richard-Giacobetti (France)
Paradigme de la représentation du Christ. Au lieu d’illustrer le fils de Dieu saignant des mains, Milkmaid saigne du lieu obscur des désirs et point central de l’origine de l’humanité. L’ensemble se trouve dans un univers laiteux symbolisant la pureté et le lait maternel. Aussi simple par son esthétique et complexe par sa lecture, l’oeuvre évoque notamment la multiplicité des cycles. Celui de la respiration qui dure quelques secondes, le cycle menstruel qui se déroule sur quelques jours, la gestation sur 273 jours, la vie sur plusieurs dizaines années et l’humanité depuis plusieurs milliers d’années. Paradoxe de ce tableau qui ne dure quelques minutes.
La Machine Pneumatique, Traverse du Regali 16e
du 9 Novembre au 2 Décembre – Ouverture 8h/17h Lundi, 8h/21h Mardi au Jeudi, 8h/00h Vendredi
Mes apocalypses (20’ – 2017) / Dominique Comtat (France)
Notre espace social se réduit, notre espace d’aventure est rogné, la biodiversité diminue, notre espace de liberté s’amoindrit, l’espace naturel décroît.
Cartoline Video (20’09 – 2016) / Marc Mercier (France) & Matteo Fadda (Italie)
13 cartes postales vidéo réalisées avec des migrants à Cagliari (Sardaigne) dans le cadre du projet « Navigare i confini/MigrArti / Tra Asia e Africa in un’isola che c’e ». Avec la participation de Etienne (Cameroun), Ndiaga (Sénégal), Peter (Nigeria), Halyne (Ukraine), Roric (Costa Rica), Raphael (Grèce), Necati & Muhammed (Turquie), Rendell & Ralph (Philippine), Ousman (Gambie), Yaiu Yaiu (Chine), Reda (Maroc), Modou Lobba (Gambie), Yaya (Sénégal), Sokou (Gambie).
Migrer : traverser une frontière, une montagne, la mer… Pas seulement, c’est aussi passer d’un langage à un autre, d’une culture à une autre. Entre l’espace que l’on quitte et celui que l’on trouve, il y a un temps d’adaptation. Un temps où la culture d’origine est déjà du passé, où la culture d’accueil est encore un futur, où le présent laisse sans voix : que puis-je dire de ma vie, de mes douleurs, de mes désirs quand je n’ai pas les mots pour me faire comprendre ?