Mort, un moment

Mort, un Moment a été inspiré par le suicide de deux de mes sœurs et le cancer fatal de mon père. Ce fil conducteur bouleversant a donné naissance à un ensemble plus enveloppant qu’éprouvant, car il y a de la douceur à se sentir proche de l’être absent, il y a de la douceur à apaiser une réalité brute, universelle, en la sublimant dans une œuvre. Grâce aux outils numériques, je travaille par couches d’images et de son pour rendre compte de l’entrelacs poétique que l’on crée en soi quand on est plongé dans son for intérieur, arrimé aux sensations et aux visions que l’on a d’un être qui nous manque. Le thème est traité avec variations : chaque expérience de la disparition d’autrui est unique, symbolique et toujours fragmentaire. Des images tournent en boucle et se transforment, comme nos souvenirs dans les moments de fusion avec l’être qui obsède notre pensée, un état dans lequel c’est aussi nous-mêmes qui disparaissons, un état par lequel, progressivement, nous-mêmes évoluons. C’est un parcours de réminiscences, de fuite, de manque, de prise de conscience et de nouvelles perceptions auquel je vous convie, un espace intermédiaire, entre conscient et inconscient, où tout un chacun se rejoint au-delà de la culture, dans le monde caché des sens.

Momently gone was inspired by the suicides of two of my sisters and the fatal cancer of my father. This deeply moving thread has given rise to a body of work that is more enveloping than trying, because there is a gentleness in feeling close to someone who is absent, there is a gentleness in soothing a raw, universal reality by sublimating it in a work of art. Using digital tools, I work in layers of images and sound to capture the poetic intertwining that we create within ourselves when we are immersed in our innermost being, attached to the sensations and visions we have of someone we miss. The theme is treated with variation: each experience of the disappearance of another is unique, symbolic and always fragmentary. Images loop and transform, like our memories in moments of fusion with the being who obsesses our thoughts, a state in which it is also ourselves who disappear, a state through which, gradually, we ourselves evolve. It’s a journey of reminiscence, escape, lack, awareness and new perceptions to which I invite you, an in-between space, between the conscious and the unconscious, where everyone can find themselves beyond culture, in the hidden world of the senses.

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Mathieu Samaille a été formé en littérature, en arts dramatiques et en arts numériques. Il a vécu à Montpellier, Londres et Paris, avant de s’installer à Montréal et d’obtenir la double nationalité française et canadienne. Depuis 2018, il crée des vidéo-poèmes, soit de la poésie en plusieurs dimensions, qui sonde les contrastes de notre for intérieur par des effets sensoriels entre texte, son et image. Dans sa démarche ontologique, la forme révèle le fond. Mathieu a reçu le Grand-Prix de Vidéo-Poésie au Festival de la Poésie de Montréal en 2019. Depuis, son travail est diffusé dans de nombreux festivals internationaux. Avec le soutien du Conseil des Arts du Canada, il a présenté sa première installation individuelle au festival Phénomena de Montréal en octobre 2022. Une copie de son vidéo-poème, Madame Jarrar, a été acquise pour étude par le département « Art, Film and Visual Studies » de l’Université Harvard.

Mathieu Samaille trained in literature, drama and digital arts. He lived in Montpellier, London and Paris before settling in Montreal, where he obtained dual French and Canadian nationality.Since 2018, he has been creating video-poems, multi-dimensional poetry that probes the contrasts of our inner selves through sensory effects between text, sound and image. Mathieu was awarded the Grand-Prix de Vidéo-Poésie at the Festival de la Poésie de Montréal in 2019. Since then, his work has been shown at numerous international festivals. With the support of the Canada Council for the Arts, he presented his first solo installation at Montreal’s Phénomena festival in October 2022. A copy of his video-poem Madame Jarrar has been acquired for study by the Department of Art, Film and Visual Studies at Harvard University.