Inscrutable

Ce poème audiovisuel aborde le concept de l’impénétrable, c’est-à-dire ce qui nous perturbe mais ne peut être expliqué par la logique conventionnelle. Une calligraphie incompréhensible, des textures qui flottent dans l’obscurité, des fils enchevêtrés sur du papier, un corps dont le visage échappe à notre regard sont autant d’éléments qui suggèrent une relation étroite entre l’étrange et l’impénétrable. À la suite de Mark Fisher dans The Weird and the Eerie (2016), l’étrange est lié à l’inconnu et au mystérieux : « un sentiment que l’énigme pourrait impliquer des formes de connaissance, de subjectivité et de sensations qui dépassent l’expérience commune ». L’étrange n’existe que tant que le mystère est incompréhensible pour la logique. En d’autres termes, lorsque la réalité ou la fiction se comporte de manière inexplicable, nous éprouvons une sensation troublante qui nous invite à spéculer ; cependant, l’énigme demeure. Dans des fictions comme The Man in the Crowd, Edgar Allan Poe a prévu que même les humains peuvent incarner un univers étrange qui résiste à l’examen, révélant la nature même du crime. La fascination que nous cause le mystère de l’étrange et l’impossibilité de le scruter par la raison conventionnelle, ouvrent la porte à l’imaginaire dérivé du fantasme, de la spéculation, des hallucinations et du monde onirique. Un univers riche et varié qui est parfois considéré à tort comme une simple évasion, et qui pourtant nous fait prendre conscience que la complexité du monde ne rentre pas toujours dans nos paradigmes cognitifs.

This audiovisual poem delves into the concept of the inscrutable, or that which disturbs us but cannot be explained by conventional logic. Incomprehensible calligraphy, textures that float in the dark, tangled threads on paper, and a body whose face escapes our gaze are all elements that suggest a close relationship between the eerie and the inscrutable. Following Mark Fisher in The Weird and the Eerie (2016), the eerie is related to the unknown and the mysterious: « a feeling that the enigma might involve forms of knowledge, subjectivity, and sensations that lie beyond common experience. » The eerie exists only as long as the mystery is incomprehensible to logic. In other words, when reality or fiction behaves in an inexplicable way, we experience a disturbing sensation that invites us to speculate; however, the enigma remains. In fictions like The Man in the Crowd, Edgar Allan Poe foresaw that even humans can embody an eerie universe that resists scrutiny, revealing the very nature of the crime. The fascination that the mystery of the eerie causes us and the impossibility of scrutinising it through conventional reason, open the door to the imagination derived from fantasy, speculation, hallucinations and the dream world. A rich and varied universe that is sometimes unfairly considered a mere evasion, and yet makes us aware that the complexity of the world does not always fit into our cognitive paradigms.

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Ursula San Cristóbal (Santiago du Chili, 1987) est une artiste interdisciplinaire et chercheuse basée à Barcelone. Son travail se consacre principalement à l’art performance et à l’art vidéo, qu’elle conçoit comme des outils d’exploration de la subjectivité contemporaine, abordant des questions telles que le genre, l’identité, la fragilité, l’érotisme, l’intimité et l’affection. Elle a été artiste invitée à Videoformes 2023 (Clermont-Ferrand, France) et artiste en résidence à Fabra i Coats (Barcelone) et Nau Estruch (Sabadell, Espagne). Son travail d’art vidéo a été projeté dans des festivals tels que la Biennale d’art vidéo et d’animation de Puebla (Mexique), le Festival Les Instants Vidéo (France), le Camagüey International Video Art Festival (Cuba), Every Woman Biennial Film Festival (USA), BIDEODROMO International Experimental Film and Video Festival (Espagne), Mostra Viva Del Meditarrani de Valencia (Espagne), Miami New Media Festival (États-Unis), Videoformes (France), Traverse Vidéo (France), FILE Electronic Language International Festival (Brésil), Barcelona Visual Sound (Espagne), Video Art Miden (Grèce), 19th Media Art Biennale WRO 2021 (Pologne) et Asolo Film Festival (Italie)

Ursula San Cristóbal (Santiago of Chile, 1987) is an interdisciplinary artist and researcher based in Barcelona. Her work is devoted mainly to performance art and video art, which she conceives as tools for exploring contemporary subjectivity, addressing issues such as as gender, identity, fragility, eroticism, intimacy and affection. She has been a guest artist at Videoformes 2023 (Clermont-Ferrand, France), and an artist in residence at both Fabra i Coats (Barcelona) and Nau Estruch (Sabadell, Spain). Her video art work has been screened in festivals such as Video art and animation Biennale of Puebla (Mexico), Festival Les Instants Vidéo (France), Camagüey International Video Art Festival (Cuba), Every Woman Biennial Film Festival (USA), BIDEODROMO International Experimental Film and Video Festival (Spain), Mostra Viva Del Meditarrani de Valencia (Spain), Miami New Media Festival (USA), Videoformes (France), Traverse Vidéo (France), FILE Electronic Language International Festival (Brazil), Barcelona Visual Sound (Spain), Video Art Miden (Greece), 19th Media Art Biennale WRO 2021 (Poland), and Asolo Film Festival (Italy)