Hypervision
Hypervision
2024 | 9'10 | États-Unis, France
Film de « found footage » à partir de vidéos de caméras thermiques (inspiré des travaux de Harun Farocki, Chris Marker et Paul Virilio). Le 29/02/2024 à Gaza l’armée Israélienne tire sur un convoi humanitaire de nourriture. Elle déclare que cet incident (dont le bilan est une centaine de morts) est dû à un mouvement de foule : comme preuve elle fournit aux médias internationaux une vidéo captée par la caméra thermique d’un drone. Dès la seconde guerre mondiale la technologie vidéo fut utilisée comme système de téléguidage de missiles. Dans la guerre moderne, l’image n’est plus seulement un discours, elle est aussi une arme – littéralement : la caméra thermique est un système de détection et de visée. Cette technologie de vision accroît la vue (localisation de sources de chaleur, zoom abolissant la distance, vision dans l’obscurité) : elle crée une perception artificielle. Mais elle produit des biais perceptifs, l’aspect en « négatif » de l’image déréalise la vision : la cible vivante apparaît lumineuse sur un fond sombre. Comment ne pas confondre cette forme luminescente avec celle d’un bonus de jeu vidéo, quand elle s’aligne sur la réticule de visée ? Elle renvoie le visionneur à d’autres images, à tout un imaginaire visuel dont il est imprégné (cinéma, jeu vidéo), biaisant ainsi son interprétation. De plus, cette vision étrange produit des illusions cognitives qui interrogent la fiabilité de cette détection/décision médiatisée. Cette image influence-t-elle la décision de tirer ? Le désir de tirer ?
A « found footage » film based on thermal camera footage (inspired by the work of Harun Farocki, Chris Marker and Paul Virilio). On 29/02/2024 in Gaza, the Israeli army fires on a humanitarian food convoy. It claims that the incident was caused by a mob panic : as proof, it provides the international media with a video captured by a drone’s thermal camera. Since the Second World War, video technology has been used as a missile guidance system. In modern warfare, the image is no longer just a discourse, it is also a weapon – literally : the thermal camera is a detection and targeting system. This vision technology enhances sight (heat source localization, distance-abolishing zoom, vision in the dark) : it creates artificial perception. But it produces perceptual biases : the « negative » aspect of the image de-realizes the vision, the living target appears luminous against a dark background. How can we not confuse this luminescent shape with that of a video game bonus, when it aligns with the aiming reticle ? It refers the viewer to other images, to a whole visual imaginary with which he or she is imbued (cinema, video game), thus skewing his or her interpretation. What’s more, this strange vision produces cognitive illusions that call into question the reliability of this mediated detection/decision. Does this image influence the decision to shoot? The desire to shoot?
*AC : Cruauté animale & coups de feu / TW: Animal cruelty & shooting

Joris Guibert est vidéaste plasticien, enseignant en photographie et cinéma, et chercheur indépendant. Ses travaux de recherches étudient les cultures visuelles, et l’esthétique des images en mouvement. Ils ont été publiés par les revues CiNéMAS (éditée par l’Université de Montréal), Turbulences vidéo (éditée par Vidéoformes) et L’autre musique (éditée par l’Institut ACTE – CNRS, Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Il a également écrit durant un an dans Revue & corrigée un essai sur les écritures audiovisuelles (cinéma, vidéo et performance). Ses films et installations ont été présentés en France et à l’international aux côtés d’artistes tels Nam June Paik, Bill Viola, John Sanborn, Michel Jaffrenou, Catherine Ikam : exposition personnelle à la Film Gallery des éditions Re:voir (Paris), ou exposition collective comme Atout Paik (commissariat Jean-Paul Fargier), Festival International d’Art Vidéo de Casablanca (Maroc), Bruits (Cité du Cinéma, Institut ACTE Université Sorbonne Paris 1 / CNRS / ENS Louis-Lumière), Festival international des arts de lumière Interference (Tunisie). Son travail de performance audiovisuelle a été réalisé notamment à la Cité des Sciences et de l’Industrie (Vision’R, Paris), aux Subsistances (Mirage festival, Lyon), au Centre d’art Sporobole (Canada), à l’Institut Français de Tunisie (Tunis).
Joris Guibert is a visual artist, a photography and film teacher, and an independent researcher. His research studies visual cultures and the aesthetics of moving images. It has been published by the journals CiNéMAS (published by the University of Montreal), Turbulences vidéo (published by Vidéoformes), and L’autre musique (published by the Institut ACTE – CNRS, University of Paris 1 Panthéon-Sorbonne). He also wrote an essay on audiovisual writing (cinema, video, and performance) for a year in Revue & corrigée. His films and installations have been presented in France and internationally alongside artists such as Nam June Paik, Bill Viola, John Sanborn, Michel Jaffrenou, and Catherine Ikam: solo exhibitions at the Film Gallery of Re:voir (Paris), and group exhibitions such as Atout Paik (curated by Jean-Paul Fargier), the Casablanca International Video Art Festival (Morocco), Bruits (Cité du Cinema, ACTE Institute (Sorbonne University Paris 1 / CNRS / ENS Louis-Lumière), Interference International Festival of Light Arts (Tunisia). His audiovisual performance work has been produced at the Cité des Sciences et de l’Industrie (Vision’R, Paris), at Les Subsistances (Mirage Festival, Lyon), at the Sporobole Art Center (Canada), and at the French Institute of Tunisia (Tunis).