… devant une phrase inutile
Le 35e Festival Les Instants Vidéo se tiendra du 21 octobre au 4 décembre 2022 à Marseille et ailleurs (l’expo se terminant le 22 janvier 2023). Les rencontres internationales auront lieu à la Friche la Belle de Mai du 9 au 12 novembre.
Fort à propos
2022 marque un tournant dans l’histoire du Festival : pour la première fois, notre association met en acte de nouvelles formes de travail en commun et c’est un collectif artistique qui a sélectionné avec attention (parmi 3300 propositions) les œuvres qui seront accueillies et mises en valeur pour le festival :
183 œuvres issues de 42 pays, 31 installations, 147 films, 17 projections, 5 performances, et accompagnés d’humain, beaucoup d’humain !
(Se) relier
Le festival cherche à intensifier les possibilités de rencontres, à décloisonner les univers et à rendre toujours plus accessible l’art vidéo. Ainsi, trois galeries populaires éphémères seront ouvertes à Marseille au sein de structures sociales, les programm’acteur·rice.s* (des habitant·e·s de Marseille) ouvriront le festival avec une programmation d’art vidéo qu’iels ont concoctée cette année, la flamme du Festival Images Contre Nature (Marseille) se ravivera, la Biennale d’art vidéo /si:n/ fera étape à Marseille avec une programmation de jeunes artistes émergent·e·s de Palestine, et la WebTV Visualcontainer (Milan) di!usera l’une de nos programmations en ligne pendant un mois.Enfin, des échappées belles transnationales nous conduiront à Gaza en Palestine, à Ispahan en Iran, à Milan en Italie et en Région Sud (Aix en Provence et Nice).
Un festival d’art vidéo
L’art vidéo est l’enfant de la télévision. C’est un art profondément lié à une technique. Le poste de TV dans les années 60 était un appareillage complexe qui a ouvert la voie à la création électronique et aux recherches expérimentales. Les artistes plasticien.ne.s et vidéastes ne sont pas resté·e·s insensibles aux potentialités du médium, cherchant à questionner les modes de visionnement proposés aux (télé)spectateur·rice·s, permettant à l’écran un nouveau langage avec la matière télévisuelle (parasitages, incrustation électronique, etc.), ou jouant avec l’objet même, comme une sculpture. Iels ont ainsi créé une image électronique vivante, créative, expérimentale et ouverte, à l’instar d’un Jean-Christophe Averty qui défendait dès les années 1960 à la télévision française cette vision d’un futur à inventer.
Le bluff de la légitimité
Aujourd’hui encore, l’art vidéo reste qualifié d’art élitiste, confirmant ainsi cette distinction toujours bien ancrée dans nos sociétés stratifiées entre des formes d’art qui seraient propres aux classes populaires et d’autres propres aux élites. L’une des responsabilités premières lorsqu’on a la mission de di!user, partager, promouvoir des œuvres d’art contemporain est de bousculer cet état de fait. Pour ce faire, les espaces d’exposition et les temps de di!usion, où se côtoient les œuvres que nous avons choisies de partager avec vous, nous les avons voulues comme des lieux de rencontres à l’écart des binarités imposées au sein de nos sociétés. Nous considérons à la suite de Fluxus qu’il existe un cordon ombilical qui lie l’art à la vie et que nous devons prendre la précaution de ne pas figer les œuvres, ni les lieux mais plutôt de prendre les formes d’art telles quelles et les faire circuler dans la cité afin d’en écouter les échos. C’est dans ce même esprit que nous avons convié la chanson populaire à prendre sa part au festival.
L’art du bagou
Le festival de cette année fait le choix du doute et de la nuance car pour reprendre Albert Camus « Nous étou!ons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison ». Aujourd’hui le discours sur l’art prend trop souvent le pas sur l’œuvre, si bien que ce qu’on en dit a tendance à avoir plus d’importance que l’œuvre elle même. Tout comme la légende devient plus importante que l’image. Nous proposons en nous recentrant sur l’oeuvre en soi, de la laisser résonner (raisonner) en nous. Prêtons l’oreille et ouvrons les yeux aux langages des artistes !
Et encore, indignons nous !
Nous aimons les artistes, iels nous disent quelque chose de la transformation du monde. Leurs œuvres nous aident à transformer nos colères en indignation. A l’heure où nous écrivons cet édito, Mahsa Amini, est morte en Iran pour une mèche de cheveux « indisciplinée », la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh fut tuée par un tir de l’armée israélienne pour avoir défendu la liberté d’expression, 79 féminicides ont été commis en France depuis le début de l’année, le droit à disposer de son corps (IVG) se réduit aux Etats Unis et ailleurs… Contre les modèles de domination qui continuent à ra!ermir leurs pouvoirs, indignons nous !
« Soyez citoyens sans frontières, de ces peuples qui se soulèvent Contaminez la terre entière, de vos révoltes et de vos rêves Indignez-vous c’est votre droit, et en mémoire de tous ceux-là
Qui meurent encore de ne pas l’avoir, ce droit est de fait un devoir » (HK)