Pour Fluxus, l’art est là où tu fais ton boulot, là où tu affirmes ton existence, ton être au monde, là où tu habites au lieu d’être habité… L’art est donc un territoire possible pour habiter activement le monde et soi-même. Il est un espace où des rencontres peuvent s’effectuer. Ce n’est pas un espace pré-établi, mais une terre toujours vierge à sans cesse inventer.
Ne pas considérer nos « publics » comme de simple consommateur.rice.s de biens culturels, mais des personnes qui disposent de leur droits fondamentaux à la liberté et à la dignité, au delà de l’expérience sensible vécue par chacun.e signifie être attentif à l’expression de leur « liberté effective ». C’est pourquoi nous avons imaginé différents dispositifs de discussion et de partage, qui laisse la place à l’expression de la liberté de chacun.e (y compris les membres de l’équipe).
Ateliers du regard et de la parole critique
Les ateliers du regard et de la parole critique ont pour but de se familiariser avec un langage audiovisuel poétique, sensible, en décalage avec l’offre télévisuelle et cinématographique grand public. Ils sont aussi conçus pour permettre l’expression libre de chacun.e sur les œuvres et acquérir dans l’échange quelques outils d’analyse critique indispensables pour se frayer un chemin dans la jungle des images hyper-médiatisées. En éveillant la curiosité, en encourageant le dépassement des clichés qui entravent les rencontres interculturelles, nous rendons possible le franchissement du pas qui donne accès au Festival et à la Friche la Belle de Mai.
Visites dialoguées
Durant le festival, nous accueillons des groupes ou des individuels pour une visite dialoguée des installations. Ces visites sont une invitation à découvrir la Friche et une sélection d’installations vidéo.
La relation à l’art vidéo et à la création contemporaine prend une forme discrète et intime. Ici, le/la spectateur.rice n’est plus face à un écran, mais iel est immergé.e dans un espace pluri-dimensionnel et pluri-sensoriel ; le corps dans son entier est sollicité par l’œuvre.
Dans la mesure du possible, des rencontres avec des artistes sont organisées dans le cadre de la visite.
Galeries populaires éphémères
Il nous importe de démultiplier les possibilités de rencontre entre des œuvres et des spectateur.rice.s, ainsi des galeries populaires des arts (vidéo et performance) sont ouvertes pendant la durée du festival, en dehors de la Friche.
Il s’agit, avec la complicité de structures du champ social, de créer des espaces d’accueil éphémères d’oeuvres du festival, dans des conditions optimales. A chaque fois, in situ est organisée une rencontre publique avec les artistes.
En sortant les arts vidéos des lieux dédiés à l’art contemporain, nous ouvrons la possibilité du décloisonnement d’univers aussi différents que ceux du travail social, de la culture, de l’art, de l’éducation, des médias…
Une journée particulière
Il s’agit de faire en sorte que les différents publics du festival (initiés, nouveaux, étudiants, artistes, bénévoles…) se croisent, dialoguent, échangent, confrontent leurs regards, que la prise de parole soit soutenue et facilitée. Il s’agit ici de dérouler une journée autour d’une question particulière (de société), qui est abordée par le prisme de l’art (projection, performance, exposition), puis traitée sous différentes formes (discussion, conférence, débat…), rythmes et espaces (dans la salle plus formelle de spectacle, derrière l’écran où des fauteuils confortables sont installés en cercle, autour du bar pour un moment plus informel…).
Hospitalité radicale
L’expérience de l’hospitalité nous fait découvrir vers quel type de société il nous faut tendre. Elle conteste une vision de l’existence purement productiviste et utilitaire.
Hospitalité et hostilité ont la même étymologie. Les deux termes viennent d’un même mot latin : « hostis » qui désigne l’étranger. L’hospitalité est la démarche qui humanise la rencontre de l’étranger, en latin ennemi (hostis) ou hôte (hospes). Elle consiste à laisser entrer l’autre chez soi ou encore à entrer soi-même chez lui. Dialogue et hospitalité s’appellent l’un l’autre. Le dialogue acquiert toute sa force dans un environnement hospitalier.
Et espaces de convivialité
Nous mettons un soin particulier à l’accueil et aux espaces de convivialité, ainsi qu’aux petites formes de rencontres.
Un lieu où boire un verre entre les projections, après les projections, où artistes, publics, organisateurs, se retrouvent ensemble, où chacun prend la parole indifféremment de son statut. Une personne venue en tant que public parle de sa pratique artistique, un artiste d’une vidéo qu’il a vu dans un autre festival, un organisateur de son dernier voyage. Et tout cela se mêle à la vie, on fait des liens avec ce que l’on observe tous les jours, avec les questions que l’on se pose, etc. L’œuvre n’est plus cet objet éloigné de tout, mais une force de questionnement de ce que l’on vit chaque jour.
Ces moments de convivialité (accueil, apéritifs, repas en commun,..) sont privilégiés comme autant de place laissée à un réel partage. La représentation qui est en jeu dans des moments formels en est en partie évacuée pour laisser la place à de véritables échanges humains.
Ces moments sont rendus possibles par un état d’esprit particulier propre aux Instants Vidéo, qui est en jeu au cœur de chacune de ses activités. L’art n’est pas mis à l’écart de la vie, il fait partie d’elle et la vie n’est pas mise à l’écart de l’art, elle fait partie de lui. Ce sont ces allers-retours incessants entre l’un et l’autre qui donne un sens singulier au festival.
Gratuité
Nous avons pour ambition de coller à la mission d’un service culturel pour les publics que nous considérons comme des intelligences sensibles et agissantes. C’est pourquoi nous tenons à la gratuité de l’ensemble de nos propositions : l’accès à la culture se doit d’être comme pour l’éducation, permis à tou.te.s.
Atelier les programm’acteur.rice.s
Ce projet expérimental est mené avec 5 groupes de personnes volontaires (dont des travailleurs.ses sociaux.ales) issues de cinq structures social/santé de Marseille. Processus artistique qui propose une autre manière de pratiquer l’objet culturel, il va amener progressivement les participant.e.s à quitter la position de spectateur.rice.s pour construire une programmation vidéo de qualité.
Acteur.rice.s du développement culturel de leur territoire, les participant.e.s accompagneront leur sélection devant un public à la fois pour rendre compte de l’expérience vécue tout au long du projet, ainsi que pour la mener jusqu’au bout, c’est-à-dire en situation réelle de programmation. Nous avons opté pour une première projection publique dans un cinéma de quartier, privilégiant un échange plus familier entre les habitant.e.s et les familles des participants, les acteur.rice.s culturel.le.s et les artistes. D’autres projections peuvent être organisées dans le cadre de festival par exemple, ce qui est l’occasion d’un croisement de personnes encore plus large (familles, habitué.e.s du festival, artistes et acteur.rice.s culturelle.s locaux et internationaux…).