Le projet Les Programm’acteur.rice.s est fondé sur la rencontre entre citoyen.ne.s vivant sur un même territoire mais qui souvent s’ignorent : des exilé.e.s, des jeunes et moins jeunes, des personnes sans emploi ou salariées, en service civique, des travailleur.se.s sociaux, des opérateur.rice.s culturel.le.s, des personnes en situation de handicap, en situation précaire, des étudiant.e.s …
Il s’agit, comme le stipule Patrick Chamoiseau, de « construire des fraternités imprévisibles et transversales. »
Ainsi, des femmes et des hommes d’horizons différents mettent en commun progressivement leurs regards, leurs sensibilités, leurs savoirs et expériences pour construire collectivement une programmation d’art vidéo international (à partir d’un corpus d’une quarantaine d’œuvres puisées dans les archives du Festival Les Instants Vidéo). Jouant un rôle actif au cœur de leur cité, iels proposent un rendez-vous afin de partager leur sélection avec un public, dans une salle de projection de la Ville.
Chaque atelier à été inspiré par une thématique poétique :
- en 2017, Quand vient l’étranger d’après un poème de Yannis Ritsos,
- en 2019 Puisque le monde est ainsi fait, nos rêves devront être encore plus tétus, titre d’un poème de Abdellatif Laâbi
- en 2020, La beauté d’un geste éperdu, inspiré par les écrits d’Annie Lebrun
- en 2022, Pendant que les champs brûlent, du groupe rock français Niagara
- en 2024, Il ne suffit pas de se réveiller pour devenir papillon, d’après Rupi Kaur
L’artiste Sophie-Charlotte Gautier a réalisé un document sonore, trace de l’expérience partagée en 2019. Ecoutez
Peut-être diront-ils…
Certes, nous n’appartenons pas au milieu des arts et de la culture ; nous n’avons pas le langage approprié ; notre expérience est toute récente. Mais nous revendiquons le droit d’être aujourd’hui devant vous et de défendre nos choix. Nous sommes fier.e.s de notre travail, même si nous pouvons tout à fait comprendre que certain.e.s d’entre vous en conteste le résultat. Mais à votre tour, dites pourquoi.
L’art vidéo, le pouvoir de l’imagination
- Parce que cette forme d’art permet de se laisser aller à l’oeuvre d’art sans défiance. En se décalant de la culture télévisuelle et cinématographique valorisée par les médias dominants, les critères d’appréciation de la qualité et de l’intérêt des films ne peuvent pas s’appliquer.
- Parce qu’il ouvre aux échanges. La polysémie des oeuvres étant une invitation à de libres interprétations et à des prises de paroles qui respectent les individualités, elle favorise les écoutes réciproques.
- Parce qu’il propose d’établir des liens entre des oeuvres d’art et sa propre vie. Une fois accepté que nul ne perçoit une image de la même façon, chacun.e peut alors puiser dans ses souvenirs de spectateur.rice.s, ou ses expériences vécues.
Clé de voute, le partenariat
La rencontre entre deux univers professionnels (le social/santé & la culture) ne va pas de soi. Pour inventer une forme inédite de travail en commun, il a fallu se rencontrer, s’apprivoiser les un.e.s les autres, s’écouter, pour qu’au fil des ans et des expériences, s’élaborent un projet tenant compte des désirs et des principes de réalité de tou.te.s. Pour mémoire, le projet Programm’acteur.rice.s est né de la volonté de plusieurs associations du champ du social d’aller plus loin dans le croisement entre leur association et la nôtre.
Les cinq associations participantes soutiennent l’implication des travailleur.se.s sociaux tout au long du projet, à savoir 13 professionnel.le.s qui participent à l’expérience “au même titre” que leurs “usager.e.s”.
ADPEI : acteur majeur de l’économie sociale et solidaire qui œuvre depuis 30 ans sur le territoire de Marseille, auprès de personnes en situation de précarité sociale; grâce à quatre dispositifs: une association intermédiaire (insertion par l’activité économique), un lieu d’accueil RSA, l’accompagnement PLIE et un espace numérique Adriatic.
SARA Logisol : à pour objectif depuis plus de 20 ans la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Son action sociale est large (urgence, hébergement, accompagnement social, professionnel, lutte contre l’isolement…) et s’adresse selon, aux familles, aux personnes demandeur.euse.s d’asile, réfugié.e.s, sans abri…
ARI : vise à tout mettre en oeuvre pour promouvoir et favoriser le soutien à l’intégration des personnes en situation de handicap ou en difficulté. Depuis 30 ans (1985), l’ARI s’organise autour du principe de soutien à l’intégration sociale, scolaire, culturelle et professionnelle avec la nécessaire dimension de soins.
ANEF Provence a pour objet d’œuvrer à la prévention, la protection de l’éducation, la réadaptation, l’insertion sociale et professionnelle de personnes. Le SAAS accueille et accompagne des jeunes de 18 à 27 ans qui sont à la rue.
Espoir Provence – GEM Club
Née en 1982, Espoir-Provence est une association de familles, reconnue d’intérêt général, qui repose sur la participation active de ses bénévoles. Son but est de mettre en œuvre tous les moyens susceptibles d’accueillir les personnes souffrant de troubles psychiques graves, suivies par un médecin psychiatre et stabilisées, et les aider à retrouver une vie sociale.
Le GEM (Groupe d’Entraide Mutuelle) est un lieu de rencontre où les personnes qui souffrent de troubles psychiques mais mènent une vie autonome, se retrouvent, pour proposer et partager des activités culturelles et de loisir afin de rompre leur isolement
Paroles de travailleur.euse.s sociaux.ales ayant pris part au projet
- « Un apport pour les publics ET pour les équipes (cela a été plus long pour les équipes)
- Notre public demande des échanges avec le public d’autres structures.
- Les demandeur.euse.s d’asiles ont peu de droits durant leur demande et donc peu d’activités. Ces actions leurs permettent une activité constructive et la découverte du pays d’accueil par les rencontres, la culture, et la liberté d’expression.
- Permettre à des sujets jugés difficiles de se débattre.
- Je n’aurais jamais cru que ces personnes que j’accompagne sur leurs dossiers administratifs puissent être plus ouvertes que moi-même au dialogue sur des œuvres d’art vidéo.
- On a cassé l’image que l’on se faisait de notre public.
- Amène un souffle dans le quotidien car il n’y a aucune contrainte de résultat, tout le monde sort la tête du guidon, cela redonne envie, sourire, énergie.
- On essaie de faire en sorte qu’il y ait des passerelles avec la société dans son entier.
Ce qui nous habite en somme, c’est tenter d’inventer les conditions d’une société ou la diversité est une force, ou faire humanité ensemble est un objectif partagé.