Témoignages | Analyses | Résistances
Ce Cahier a été co-produit avec les Instants Vidéo Numériques et Poétiques. Le texte a pour ambition de prolonger un cycle de réflexions sur les droits culturels débuté à Marseille dans le cadre de la 30e édition du Festival Les Instants Vidéo et du 4e stage du REF à destination de jeunes libyen(ne)s engagé(e)s dans la société civile. Ce cycle s’était poursuivi en mai 2018 à Tunis par une rencontre autour du thème “De Mai 68 au Printemps arabe. Les Droits Culturels du futur autour de la Méditerranée”.
EDITO par Naïk M’Sili
La trace seule saura témoigner de tout le reste. De tout ce qui est, a été et peut-être sera. (Philippe Guiguet Bologne)
C’est ainsi que Les Instants Vidéo Numériques et poétiques et le REF – Réseau Euromed France ont décidé de convier leurs partenaires et ami.e.s du pourtour de la Méditerranée à prendre part à ce cahier, à dire quelque chose de leur manière de mettre en travail/en œuvre les Droits Culturels dans leur pratique. Très loin de l’idée d’en faire un modèle à appliquer, ces témoignages ont sondé le mot culture, non plus pour nommer les usages communs (souvent pas si communs que cela !), mais les actions, ce qui bouge, ce qui s’échange, ce qui manifeste, ce qui se pratique, culturellement et donc socialement.
A l’heure des drames terribles qui se produisent chaque jour dans cette Méditerranée qui pourtant nous réunit, il nous est apparu essentiel de traiter la culture comme processus pour faire humanité ensemble. En cela, nous rejoignons Mahmoud Darwich lorsqu’il déclare que « L’identité n’est pas un héritage, mais une création. Elle nous crée, et nous la créons constamment. Et nous ne la connaîtrons que demain ».
Les personnes réunies dans ce cahier sont plurielles et leurs approches diverses, mais elles ont en commun le fait de défendre que les êtres humains sont libres et égaux en DIGNITÉ.
Leur diversité ouvre la possibilité d’un nouvel « être ensemble », incarne une hybridation qui convoque les différences dans un projet collectif, un métissage basé sur une appartenance multi-identitaire : être ici et là, être ceci et cela. Les récits nous font naviguer de Syrie en Algérie et en France, du Maroc en Egypte, de Tunisie à Malte, en passant par la Libye et la Palestine.
Je me plais à imaginer qu’en parcourant ces pages, nous tous allons pouvoir traverser un processus de « créolisation par transformation réciproque » (Mireille Delmas- Marty). Car oui, la transversalité des questions explorées ouvre de nouveaux espaces de savoir et de pratiques, nous fait traverser différentes situations, et nous montre que la voie est libre, et que nous pouvons nous engager
dans le mouvement des corps
la traduction des langages
le quotidien de la vie
l’égalité des genres
le droit à la mémoire
l’éducation éclairée
les soulèvements
les anti-passeports
la poésie….
Notre cahier représente ainsi un dialogue faisant référence aux droits humains comme langage commun de l’humanité.
Les récits recueillis nous ont été confiés avec générosité et nous tenons à exprimer notre sincère gratitude aux personnes signataires des textes. Ils nous confirment que la question des Droits Culturels est universelle, en ce sens qu’elle relie et permet de construire du commun à partir du pluriel qui caractérise nos sociétés.