Cet appel à candidatures s’inscrit dans le cadre du Cycle 2 du projet Tae’thir, qui invite de jeunes (21 à 35 ans) artistes et créateur.rice.s de contenus de 17 pays méditerranéens (Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Libye, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et Turquie, Chypre, France, Grèce, Italie, Malte, Portugal et Espagne) dans un cycle d’activités s’articulant autour :

  • d’un cycle de formation/réflexion en ligne offrant aux participant·es une exploration approfondie des enjeux des droits humains—patriarcat, critique et censure—tout en favorisant la prise de conscience, la réflexion critique et les liens avec l’art et la création de contenu. Il offre également une plateforme pour les participant·es afin d’échanger et de partager leurs expériences sur ces questions.
  • d’un cycle de mentorat visant à soutenir les participant·es dans le processus de production et de diffusion de leurs productions artistiques et numériques, en les aidant à structurer et formaliser leur projet sous tous ses aspects (financiers, techniques, et rédaction du dossier de projet). Un·e mentor leur apportera un soutien personnalisé pour la production d’un dossier artistique/de création de contenu.
  • d’un atelier multi-acteur.ice.s à Marseille visant à promouvoir les échanges entre artistes, créateur.rice.s de contenu et acteur.ice.s locaux. Ce moment clé du programme permettra aux participant·es de tisser des liens, de développer de nouvelles collaborations et de bénéficier d’opportunités précieuses pour enrichir leurs pratiques artistiques et de création de contenu, tout en augmentant la visibilité de leurs projets.

10 à 11 projets seront :

  • soutenus financièrement avec un maximum de 3 000 € alloués par projet.
    L’annonce de l’attribution de la subvention est prévue pour septembre 2025, après
    l’achèvement des trois activités susmentionnées.
  • présentés au public à Marseille, en France, en mai 2026.

Thématique de cette session Résister à la résignation

L’humanité a traversé d’innombrables épreuves au cours des dernières décennies, et l’année écoulée s’est révélée particulièrement dévastatrice. Les guerres génocidaires en cours à Gaza et au Soudan, les guerres dévastatrices au Liban, la guerre prolongée en Syrie, l’invasion continue de l’Ukraine et d’autres crises à travers le monde, avec que la perte tragique de vies humaines, ont laissé une empreinte profonde sur notre conscience collective. L’année 2024 a été marquée par une escalade de la violence, une instabilité politique croissante et l’aggravation des crises humanitaires, mettant à rude épreuve notre
capacité à préserver notre santé mentale et notre cohésion. L’instabilité politique dans la sous-région sud de la méditerranée, avec la consolidation de régimes autocratiques et oppressifs, exacerbe encore le sentiment d’impuissance. Dans le même temps, la montée des régimes illibéraux et la normalisation des discours d’extrême droite et hostiles aux droits fondamentaux en Europe remettent de plus en plus en question les valeurs démocratiques et les droits humains.

Dans ce contexte, un appel à résister à la résignation pourrait-il nous inciter à imaginer des futurs où la dignité, la justice et la liberté ne seraient pas seulement des idéaux, mais aussi des réalités tangibles ?
Résister à la résignation juxtapose délibérément deux pôles opposés : la résignation qui implique l’acceptation passive de circonstances difficiles, et la résistance, qui suggère le refus de se laisser façonner par des forces extérieures. Ces deux forces ne s’excluent pas mutuellement ; elles peuvent coexister au sein de l’expérience humaine. Dans le contexte actuel, ce dialogue entre résignation et résistance revêt une signification profonde, en particulier face aux défis politiques, sociaux et environnementaux.

Comment la résistance à la résignation ouvre-t-elle de nouvelles possibilités face à l’adversité ?
La résignation apparaît parfois comme un mécanisme d’adaptation en réponse à des épreuves accablantes. Elle nous permet de fonctionner au milieu du chaos, mais au prix de l’étouffement de notre espoir et de notre imagination. La résistance, en revanche, est un acte de défi qui ravive notre capacité à rêver, à créer et à agir. Dans le domaine de l’esprit, la tension entre l’intellect et l’imagination peut faire émerger une résistance au changement ou à la compréhension.
Ainsi, loin d’être un acte d’évasion, imaginer et théoriser de nouvelles possibilités est un geste radical qui défie le désespoir. Cela nous permet d’envisager d’autres façons d’être, de penser et de ressentir, en créant des espaces intérieurs où l’espoir peut exister, même en l’absence de changement extérieur. Résister à la résignation, c’est donc refuser de laisser le poids du monde nous priver de notre capacité à rêver et à agir.

L’opposition binaire entre la résistance et la résignation n’est pas une simplification qui présenterait l’une comme vertueuse et l’autre comme passive, mais plutôt une invitation à explorer et à interroger les tensions sous-jacentes, les déséquilibres, les connexions et les moments de rupture entre ces deux forces. Elle nous invite à examiner les complexités et les nuances de nos réponses à l’adversité, en reconnaissant que la résignation et la résistance peuvent coexister, évoluer et s’influencer mutuellement de manière à remettre en question nos perceptions et nos actions. Comment pouvons-nous saisir la complexité de ces deux forces, en reconnaissant qu’elles ne sont pas absolues, mais qu’elles évoluent et façonnent nos actions au fil du temps ?

Les arts et la création de contenu peuvent jouer un rôle majeur dans le soutien et la promotion des droits humains parmi les jeunes, dans un contexte de déclin massif des libertés. Le travail artistique et la création de contenu ont le pouvoir de remettre en question les récits dominants et d’inspirer la pensée critique, permettant aux individus, en particulier aux jeunes, d’envisager des futurs alternatifs. Ainsi, les arts et la création de contenu deviennent des forces vitales dans la formation d’un imaginaire collectif.

Le projet Tae’thir vise à répondre au manque d’espaces physiques et virtuels de dialogue et de création en encourageant la promotion d’une culture des droits humains en Méditerranée à travers les pratiques artistiques et numériques des jeunes. Les formes d’art contemporain et la création de contenu numérique sont des moyens dynamiques pour explorer, interpréter et communiquer les complexités de Résister à la résignation. Ce thème invite les participant.e.s à réfléchir à la manière dont leurs pratiques créatives peuvent lutter contre la résignation et nourrir la résistance, en encourageant l’espoir
collectif dans le processus. Ce désir d’aspirer collectivement au changement et cette confiance dans le pouvoir que les artistes et les créateur.rice.s de contenus numériques peuvent avoir pour promouvoir les principes des droits humains, malgré le contexte actuel de notre région méditerranéenne, représentent la lueur d’espoir autour de laquelle s’articule notre projet Tae’thir.

Nous examinerons le thème Résister à la résignation sous différents angles :

  • L’art et la création de contenu peuvent-ils créer des « espaces impossibles » qui défient les lois de la réalité ? Comment ces espaces peuvent-ils devenir des havres d’espoir et d’action ?
  • Comment des émotions telles que la tristesse, la colère ou l’amour peuvent-elles déclencher une résistance collective ? Comment l’art et la création de contenu peuvent-ils rediriger ces émotions pour qu’elles deviennent des catalyseurs de changement plutôt que des voies vers la résignation ?
  • Quel rôle les artistes et les créateur·rices de contenus jouent-ils dans la société, compte tenu de leur propension inhérente à soulever des questions issues de leurs propres interrogations ? De même, quelle est l’importance de l’art et de la création de contenu dans la société ? Comment pouvons-nous constamment interroger le statut de l’œuvre d’art, le rôle de l’artiste et la position de l’art dans notre cadre sociétal ?

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